Les Grands Voiliers m' ont donné l' envie d' aller faire un tour vers la Garonne dans la soirée d' hier. Me voilà donc partie à Bordeaux, et j' ai mis près d' une heure pour y arriver. Circulation, rues barrées et déviations, à cause des habituels travaux de voiries de l' Eté. Je suis allée sur les quais, face aux Quinconces, attirée par de la musique. Sur un podium, un couple dansait et enseignait la danse à une bonne centaine " d' élèves ". A ce moment-là : cha cha cha. Cela m' a rappelé Tel Aviv, où, en bordure de la plage nord, des groupes se forment, tous les samedis, pour danser la Hora, en entrainant tous ceux qui passent à proximité.
Mais, j' étais venue pour le fleuve. J' ai vu alors, sur fond de pont d' Aquitaine, arriver une petite flôtille.
Très vite, deux ou trois bateaux se sont détachés, mais ils avaient l' air d' avoir du mal à avancer; ils allaient vers l' amont, et bien que ce soit marée montante, le courant contraire était très fort et tourbillonnant.
L' un d' eux était en travers, et semblait en difficulté pour redresser la barre.
Un autre, dans la même position, avait attrapé une longue gaffe pour l' aider, mais sans grand succès apparemment, il avait l' air un peu découragé.
Un autre bateau, pourtant plus lourd, connaissait aussi les mêmes problèmes; la navigation sur la Garonne, fleuve turbulent, est plutôt sportive.
Le ciel s' était chargé d' une promesse d' orage, qui, finalement, s' en irait éclater plus loin, vers le sud. Mais il habillait la Garonne d' argent, tandis que passait, vers le pont de Pierre, un de ces bateaux de croisières fluviales qui sillonnent le fleuve vers l' amont et l' aval.
Deux autres voiliers luttaient contre le courant, et l' un d' eux, que son barreur n' arrivait plus à maîtriser, avait carrément effectué un virage à cent quatre vingt degrés.
Allaient' ils s' aborder et couler sous mes yeux ?
Mais........ce bateau à la bizarre voilure bleue........n' est-ce pas un tricheur ? Il me semble bien voir un moteur à l' arrière !
C' est amusant de les voir tous, le museau un peu dans tous les sens, tandis que les rayons du soleil, qui ont réussi à s' infiltrer sous les nuages, illuminent le pont de Pierre.
Deux retardataires essaient, désespérément, de se remettre dans le bon sens.
Je les laisse à leur triste sort, tandis que là-bas, le reste de la flôtille disparaît derrière le pont de Pierre.
Et pendant ce temps, les acharnés de la danse continuent de s' abandonner aux rythmes qui les balancent.
Et moi, je reprends la route de la maison.