Les belles arrière-saisons sont une règle rarement transgressée chez nous. La légère brume, qui, le matin, nous rappelle que nous sommes en automne, laisse rapidement la place à un temps largement ensoleillé, et qui, en ce moment nous offre même des températures certains jours estivales. C' était le cas avant-hier quand j' ai décidé d' aller au port d' Hourtin.
Hourtin est à moins de cinquante kilomètres de chez moi, et, chose incroyable, je n' y étais jamais allée.
Le port est au bord d' un immense lac, le plus grand lac naturel d' eau douce de France, après le Léman. A l' autre extrémité, il y a Carcans-Maubuisson, plus près de chez moi, où je vais parfois.
Pour arriver ici, j' ai suivi une de ces routes rectilignes qui fend en deux la forêt des landes médocaines, de ce Médoc bleu où la vigne ne pousse pas, remplacée par les pins, les genêts et les ajoncs. C' est ce Médoc-là que j' aime, quand le vent, dans les grands pins, mugit avec la voix de l' océan, et que le soleil éclabousse de lueurs rougeoyantes, avant d' aller se perdre dans les profondeurs marines.
Au bout de la route, quelques arbres qui ne savent pas dans quel sens pousser, et le lac qui se dévoile en lamelle d' argent.
Je laisse la voiture, et me voilà partie en quête d' images. Je ne savais pas encore que j' étais sur le point de devenir jalouse.
Un homme est en train de mettre son bateau à l' eau, et, premier symptôme, je me dis : " quelle chance ! ".
Plusieurs bassins, bien abrités, hébergent voiliers et hors-bords.
Sur ces eaux tranquilles, un homme fait, précautionneusement, du paddle, ce loisir nouveau qui a envahi nos plages depuis quelques années.
Une longue digue rose longe le chenal sur sa gauche. Je m' y engage.
Côté chenal, elle est bordée d' herbes de la pampa, aux panaches blancs et soyeux,
De l' autre, le lac vient lécher ses pierres dans une transparence vert et or.
Tout est calme et paisible; je suis dans un monde de silence seulement troublé par un cordage métallique qui tintinnabule contre un mât, régulier et lancinant.
Mais, le devoir m' appelle, j' espère que vous serez encore là demain pour continuer la balade avec
moi.