Il parait que Djelfa, maintenant, est une ville de plus de deux cent mille habitants.Dans mes souvenirs des années soixante, c' était une bourgade, et la vie s' organisait autour de la fontaine publique,
et du marché;
En ces temps troublés, on ne savait pas trop ce qui nous attendait, même sur un apparent inoffensif marché du sud; et quelquefois certains s' amusait à essayer de faire peur à la jeunette qui s' écartait un peu de ses protecteurs. On savait aussi, que, parfois, un sourire ne signifiait rien. Et j' avais déjà la manie de la photo et appris qu' il ne fallait jamais montrer sa peur.
Il y avait malgré tout, une certaine tension, voire même une légère hostilité, et le capitaine de l' escorte était venu me gronder.
Nous étions dans le territoire de la tribu des Ouled Naïls. On les reconnaissait dans le bled, à leurs tentes rayées de rouge et noir.
Les femmes des Ouled Naïls étaient des danseuses. Les fameuses danses du ventre, censées affoler les européens avides de folklore.
Ces femmes étaient très recherchées par les marchands d' esclaves qui les achetaient à prix d' or, et les souteneurs des quartiers réservés d' Alger, de Tunis.......les appréciaient beaucoup car elles étaient belles et soumises.
Djelfa était sur la route du Grand Sud, qui conduisait à Ghardaïa, la perle du Mzab, qui, je ne sais pas pourquoi, m' a toujours faite rêver. Michel Sardou aussi, mais lui, il sait sans doute pourquoi.
( Les dessins sont extraits du livre "Afrique du Nord" - Editions Odé - 1952)