Petite commune du Médoc, deux fois millénaire, Vertheuil abrite deux beaux souvenirs du dernier : L' Abbatiale Saint Pierre et le château.
Dès l' arrivée dans le centre du bourg, on est frappé par l' allure imposante de cette abbaye.
Face à moi, le porche, magnifique, pur roman saintongeais, malheureusement très abimé.
Un second portail, plus petit, se voit nettement. Il a été plaqué sur le premier au XVIIIème siècle. On peut quand même en admirer certains détails sur des parties à peu près intactes.
On pense que ce sont les vingt quatre vieillards de l' Apocalypse.
L' intérieur est assez impressionnant; la nef principale fait quarante cinq mètres de long et treize mètres de haut. A l' origine, elle était voûtée en plein cintre, mais au XIVème ou au XVème siècle, elle a été remplacée par une voûte ogivale à nervures prismatiques. Ecroulement ? En 1572, elle a été dévastée et incendiée par les Huguenots du Médoc.
Les bas-côtés mesurent, chacun, quatre mètres de large. Les deux premières voûtes, à l' ouest, sont romanes; les autres ont été refaites en copie du style gothique. Le prolongement des deux bas-côtés, forme un déambulatoire à cinq travées.
Il y a aussi de magnifiques fonts baptismaux pédiculés, monolithes datant du XVème siècle,
et, ce qui est sans doute un ancien bénitier en pierre, actuellement relégué contre un mur, ou bien, était-ce sa place initiale ?
Un panneau, figurant un parchemin déroulé, raconte brièvement l' histoire de cette abbaye, bâtie du XIème au début du XIIème siècle, et son descriptif.
Des chants choraux sacrés passaient en boucle durant ma visite, la rendant plus vivante et plus solennelle. J' ai lu alors sur une des stalles la petite histoire du Lai d' Aristote. A vrai dire, il est représenté deux fois dans les stalles. Il est curieux que ce lai du XIIIème siècle, oeuvre d' un trouvère normand, ait inspiré des sculpteurs médocains, même après que le Médoc ait été repris aux Anglais par le Roi de France.
Il s' agit d' un fabliau qui raconte, comment, Aristote, a détourné Alexandre le Grand d' une belle Indienne, lors de sa conquêtes des Indes. Pour cela, Aristote a fait mine de devenir son esclave, jusqu' à marcher à quatre pattes en portant la belle Indienne sur son dos.
" Vois par là, a dit le philosophe au conquérant, à quelles folies l' amour peut conduire ".
A suivre pour le tour extérieur de l' Abbaye.