Le thé que je m' étais servie était bien trop chaud. Je n' aime pas boire chaud, donc....j' avais décidé de le laisser tiédir.J' ai abandonné la tasse en poterie de Salé dont je me servais ce jour-là, sur un coin de table, et suis partie vaquer à quelque autre affaire.
Et....j' ai oublié le thé. Me le rappelant tout à coup, je l' ai trouvé bien sûr, complètement froid.
Alors que je portais la tasse à mes lèvres, j' ai aperçu au fond, un étrange dessin. Pendant que je l' oubliais, le thé avait dessiné au fond de la tasse.
C' était un étrange dessin. J' y voyais comme un oeil, avec les structures radiaires de l' iris, et une pupille, qui, au lieu de paraître noire, était un gouffre blanc. Et, sur les bords, un oiseau, genre échassier, qui semblait attendre.
A force de scruter ce dessin, je me sentis soudain bizarre. Et tout à coup, je me trouvais emportée par un maelström, et........me retrouvai à califourchon sur le dos de l' échassier, qui, d' un ton peu amène, me dit : " Eh bien ! Tu en as mis du temps ! Qu' est-ce que tu attendais ? ".
Mais......où va t' il ? Il est fou ! Nous plongeons dans le tunnel blanc de la pupille de cet oeil.
Pendant quelques instants, j' ai l' impression que nous sommes en apesanteur, puis, nous faisons irruption dans un monde bleu-vert, et nous nous stabilisons.
Pas pour longtemps. Nous sommes brutalement secoués par une sorte de vague déferlante aérienne qui manque de me désarçonner. Qu'
est-ce donc ? Un météore ?
Non, c' est un tapis volant qui se déplace à grande vitesse et qui nous a frôlés. Le chevauchant, une sorte de mage oriental arrogant.
Il crie : " Place ! Place ! " et vocifère des insultes aux manants que nous sommes à ses yeux.
Il n' y a donc pas de limitation de vitesse ici ?
Nous continuons tranquillement notre vol. Je me demande où l' étrange échassier m' emmène ? Il reste muet à mes questions.
Mais, voilà encore une bizarrerie. Un jeune garçon, à califourchon sur le dos d' une énorme oie sauvage, nous fait des signes amicaux en croisant notre route.
Mais......c' est Nils Holgersson !!! J' en reste éberluée. Où suis-je donc ? Je réponds à ses salutations amicales.
Une lune couleur de bonbon au miel, brille dans le ciel clair. Notre trajet devient ascendant. Allons-nous vers elle ?
C' est alors qu' une petite voix m' interpelle : " Dis, dessine-moi un mouton ".
Comment !!! Le Petit Prince est ici ???
Nous survolons alors une terre rougeâtre et désertique. Il est sûr que ce n' est pas la Suède, et que le jeune Nils s' est
perdu.
Une silhouette, vaguement familière, s' y déplace à vive allure, faisant voler de la poussière couleur de brique dans cet air sec.
Je rêve !!! C' est Speedy Gonzales !
Toujours aussi pressé ! Je me demande où il va. Eh ! Mais, il a un concurrent ! Qui est celui-là ? Il me parait familier aussi.
Je le reconnais. C' est le Chat Botté. Alors Monsieur, encore en mission pour le marquis de Carabas ?
Holà ! Qu' arrive t' il ? Tout oscille et tremble autour de moi, et ma monture commence à fondre.
J' entends comme un gong, et je me retrouve assise, ma tasse de thé à la main. Les dessins se dissolvent.
C' est alors que je comprends que je suis allée faire un tour dans le monde des rêves des poètes disparus.
HELP !
Y-a t' il sur la toile, un sorcier sachant lire dans le fond des tasses de thé ?