Vue de la mer, au premier abord, Tanger m' avait faite penser à Alger, où j' avais juré de ne plus jamais remettre les pieds. Serment respecté encore à ce jour, et pour toujours.
L' Algérie a laissé en moi une trace indélébile, mais si j' avais banni ce pays de mes projets de vacances, la nostalgie de cette terre d' Afrique n' était pas près de s'effacer. Pendant plusieurs années, le Maroc et la Tunisie ont été des substituts.
Tanger a été la première porte d' entrée au Maroc, ou la deuxième ? Tout à coup je ne sais plus. Bien des lunes ont passé depuis.
Tanger, ville mystérieuse, noyée dans le bleu du ciel et de la mer, qui a fasciné des artistes et des écrivains du monde entier, surtout dans les années cinquante.
Tanger, dont William Burroughs disait :
" Tanger est vraiment le pouls du monde, comme un rêve s'étendant du passé au futur......".
A peine arrivés, et après avoir garé la voiture à l' hôtel, (El Minzah, où j' avais rencontré le Comte de Paris qui, comme moi, attendait l' ascenseur et à qui, sans complexe j' avais adressé la parole et mesuré l' extrême courtoisie après quelques minutes d' entretien), nous étions partis vers le coeur battant de Tanger : Le Grand Socco.
En ce temps-là, Tanger avait encore sa réputation de ville sulfureuse, de nid d'espions et lieu de tous les trafics. J'espère, me méfiant de l' évolution moderne, qu' elle n'a pas perdu son âme.
Nous arrivons vers le Grand Socco qui a tant fasciné Joseph Kessel qu' il en a écrit un livre, titré simplement..........Au Grand Socco
Bientôt, nous sommes en plein dedans, au milieu du tumulte, enivrés d' odeurs et de couleurs, côtoyant les hommes et ces petits ânes iconiques du Maghreb.
Une autre figure emblématique du Maroc est le porteur d'eau appelé guerrab. Ma photo du porteur d' eau avait été prise à Marrakech, mais ne me plait pas beaucoup car, dès qu' il avait vu mon appareil photos, il avait pris la pose, (et demandé un dirham). Alors le voici, en plus poétique, (et moins vénal), sur cette image extraite de mon livre : Contes et Légendes du Maroc. Il ne reflète cependant pas les couleurs exubérantes du costume.
Tanger, c' est aussi une ville moderne comme cette belle avenue d' Espagne, où, dans un de ces nombreux petits cafés qui la bordent, j' allais déguster la si espagnole horchata de chufa que j' aime beaucoup et dont je suis maintenant privée, comme des vrais mandarines si odorantes et dont les Français ne veulent plus me disaient, quand je vivais à, Casa, les marchands marocains parce qu' il y a trop de pépins.
Incomparables mandarines ! Je me souviens avoir gardé dans un sac, des morceaux de peau de mandarine d'un beau vert luisant, (j' avais failli ne pas la manger ne la croyant pas mûre, à la grande hilarité du serveur du restaurant de ce lodge perdu dans la réserve de l' Arly, en ce qui était encore la Haute Volta), et ce sac a embaumé pendant des années.
Tanger, ce sont aussi des rues tranquilles aux pieds desquelles elle s'étale nonchalamment.
Dans une telle ville, il y a, bien sûr, une légende : celle de La rose de Tanger. C'est encore un de ces contes qui ont tellement bien nourri mon enfance, qu'ils sont encore très vivants dans ma mémoire.
Mais, ce sera pour la prochaine fois, car, qui vois-je arriver la laisse dans la gueule ? Victor le Chien, l'air impérieux. Oui, oui, on y va, j' ai compris.
Alors...à plus !