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............lanturlu............ce petit mot, qui indique un refus méprisant, se trouve dans cette chanson que Gustave Nadaud écrivit sur la
Garonne, en mil huit cent ginquante huit.
A la voir, si calme et paisible dans sa belle robe verte et bleue, aux environs de La Réole,
si sereine encore, en amont du Pont de Pierre à Bordeaux, dans son cadre de verdure,
on devrait pourtant commencer à se méfier un peu, en voyant cette couleur d' ocre pâle, signe d' une certaine agitation profonde qui remue le limon de son lit. Mais elle essaie de cacher son
tempérament. Cependant, les bateliers de la Garonne vous diront combien, parfois, elle se montre impétueuse, quand le mascaret lui apporte le baiser salé de l' océan, ou, quand elle est prise
soudain de folie tourbillonnante, dérivant les bateaux, ou noyant, imperturbablement, le malheureux qui tombe dans ces eaux impitoyables.
Dès sa naissance, loin, là-bas, dans les monts espagnols, elle montre son caractère, et quand elle surgit du trou du Toro, déjà écumante, on a l' impression qu' elle choisit elle-même, la
direction qu' elle va prendre.
La Garuna, son nom gascon qui veut simplement dire " rivière ", est un fleuve de liberté, qui, deux ou trois fois, a changé d' orientation, ce qui fait que " si elle avait voulu.....lanturlu !
elle aurait pu avaler la Saône, puis le Rhône, et de là, se dirigeant vers l' Est, absorber le Danube à Pesth, et puis, ivre à force de boire, elle aurait grossi la mer Noire.....Elle aurait pu,
dans sa furie, pénétrer jusqu' en Sibérie, passer l' Oural et la Volga, traverser tout le Kamtchatka, et d' Atlas soulageant l' épaule..... si la Garonne avait voulu...Lanturlu !........elle
aurait dégelé le Pôle....... La Garonne n' a pas voulu, lanturlu ! humilier les autres fleuves. Seulement pour faire ses preuves, elle arrondit son petit lot, ayant pris le Tarn et le Lot, elle
confisqua la Dordogne. Mais la Garonne n' a pas voulu...........Lanturlu ! quitter le pays de Gascogne.