Le ciel était pur et bleu immaculé, il faisait chaud et la nature semblait engourdie dans une sorte de torpeur bienheureuse. Puis, deux ou trois petits nuages blancs, à l' aspect inoffensif, sont apparus juste pour faire joli sur la photo.
Les aiguilles folles d' un pin, se servaient du ciel comme d' une toile de fond pour faire ressortir l' extravagance de leur dessin.
J' étais bien; le soleil peaufinait le travail qui m' avait transformé en golden girl; je me disais que je stockai de la vitamine D, c' était parfait, et je ne me méfiais pas.
L' astre du jour commençait à décliner pour son rendez-vous quotidien avec l' océan. J' attendais son flamboiement habituel.
Mais, un changement subtil me fit lever les yeux. Le ciel, au-dessus de ma tête, devenait foncé, les nuages blancs fuyaient devant une noirceur menaçante.
En même temps, le vent se mettait à souffler, faiblement au début, pour ne pas m' alerter, puis, de plus en plus fort, en sèches rafales.
Vers l' est, des plages de ciel bleu résistaient encore à cet envahissement sombre.
Mais à l' ouest, une grande tache livide s' étalait, et, peu à peu, allait en se rétrécissant, avalée par les nuages noirs.
Et c' est alors que je l' entendis, un roulement grave et lointain; pas de doute, l' orage allait venir déverser sur ma tête une eau venue d' ailleurs.
Une branche de pin donnait à cet orage naissant une beauté tragique.
Et dans une rafale, une première goutte, une de ces énormes gouttes tièdes des orages d' été, s' écrasa sur mon bras.
Il était temps de rentrer.